Moshé Féldenkrais

A l’origine, un homme hors du commun

Né en Russie en 1904, il gagne la Palestine par ses propres moyens à l’âge de 14 ans, où il reste une dizaine d’années.

A partir de 1928, il étudie à Paris et se trouve dans un milieu très stimulant : après ses études d’ingénieur à l’ESTP, il travaille dans un laboratoire sous la direction de Frédéric Joliot-Curie et Irène Curie (prix Nobel de Chimie en 1935), et de Paul Langevin. Il devient docteur ès Sciences Physiques.

D’autre part, il rencontre Jigoro Kano — le fondateur du Judo – en 1933 et accepte de participer à l’introduction du Judo en Europe, en faisant le pont entre ces pratiques japonaises et le milieu associatif français. Il fonde le Jiu Jitsu Club de France, écrit plusieurs ouvrages, et est l’un des premiers européens à avoir une ceinture noire de Judo.

De sa formation de physicien, il tire une conception du corps comme réalité physique, des poids et des masses organisées dans l’espace, un jeu de forces pour être debout et se mouvoir. De sa formation au Judo, il tire une conception du mouvement efficace et harmonieux, utilisant l’énergie minimale. De ses racines juives hassidiques, il garde le goût de poser des questions et de réfléchir à un problème sous tous les angles. Le terrain était prêt pour une synthèse.

Une blessure au genou déterminera l’orientation de son travail : face à l’incapacité du corps médical à lui assurer un fonctionnement normal de son articulation blessée, il se tourne vers lui-même et ses propres possibilités. Il se penche sur la mécanique interne de son corps. Il y découvre un monde qu’il n’aura de cesse de parcourir en tous sens, toute sa vie, en nourrissant sa recherche de toute les connaissances en neurosciences de son époque.

Car il a constaté que sa capacité à se déplacer sans douleur dépendait grandement de sa façon de faire, et que celle-ci pouvait être réajustée grâce à un processus simple. Grâce à sa femme pédiatre, il découvre le processus qu’utilisent les enfants pour apprendre à se mouvoir et s’en inspire pour aider les adultes.

Après la seconde guerre mondiale, il abandonne progressivement le monde de la Physique et de l’électronique, pour se consacrer entièrement à la recherche qui aboutira à sa méthode. Il enseigne aussi bien en Europe, aux États-Unis et en Australie qu’en Israël où il meurt en 1984.

Il laisse un héritage matériel et humain : des écrits, des enregistrements et surtout des hommes et des femmes riches de ses découvertes.

Ceux-ci poursuivent ses recherches et diffusent son enseignement, tant par des formations professionnelles que par des cours ouverts à tous.